Recette d’une Explosion Réussie

(1ère Partie)

Ce texte retrace tout ce qui, pour moi, a participé à l’élaboration de cette première « crise », au printemps 2012. Voici donc une recette parmi d’autres, une de celle qui provoque la rupture.

Il est préférable de travailler sur un terrain meuble, rendu poreux dans l’enfance ou dans l’adolescence :

Une sexualité qui s’ouvre sur un viol.

Un divorce.

Une consommation de drogue précoce.

Il est préférable de s’être confectionné de solides habitudes d’excès :

Foncer tête baissée.

Être téméraire.

Être sans pitié. Surtout envers soi-même.

Ne pas écouter son corps.

Ne pas écouter la fatigue.

Ne pas écouter la petite voix, à l’intérieur.

Vouloir tout faire, être partout, sans direction.

Dire oui à tout.

Aimer la fête.

Aller toujours bien.

Aller toujours vite.

Maintenant, il est possible de travailler à la précipitation :

Six mois en Inde, tous les repères éclatés.

De nouvelles violences sexuelles, une situation d’enfermement.

Le début de 3 années de troubles digestifs, à la frontière de l’incontinence, tous les jours, sans que la médecine n’y apporte aucune solution.

Une rupture.

Une nouvelle année en Inde, à la fac, les émotions à vifs tous les jours.

Toujours courir aux toilettes.

Perdre 15 kg en quelques mois. Dont 7 en une semaine.

Rentrer, perdre toute la troupe d’amis de Delhi, qui jamais ne sera plus réunie.

Rentrer, sans trop savoir qui retrouver. Sans appartenir à aucune troupe.

Une IVG. Seule.

Rentrée des classes, en master, et pionner à plein temps.

Et la fête.

Toujours courir aux toilettes, tous les jours.

L’appartement, humide et sombre, la grotte sous les combles.

Arrêter le master avant Noël. Premier gros échec.

L’incontinence. Gagner de quoi vivre.

Ne plus pouvoir tout faire.

Régime drastique. Plus de sucre, plus d’alcool, plus de viande, de lait, de gluten.

Perdre 10kg en un mois.

Ne plus courir aux toilettes.

Ne pas me reconnaître.

Fumer la frustration.

J’écris, je couds, je dessine.

Se lever au pétard.

Peu de monde autour.

Je veux créer ma boîte de création textile.

Ne pas me reconnaître.

Un fantasme d’amour.

Ne plus avoir de rythme. Seulement celui du travail: Je couds, je dessine, j’écris.

Mal dormir.

Prendre un cachet de MD, un soir de mars. Planer.

S’entêter de désespoir. Des nouvelles du monde.

Se lever au pétard.

Se coucher tard.

Extrême intensité. Poussée. Portée.

Mal dormir.

S’obséder.

La dernière phase est cruciale, il s’agit d’accélérer :

Vacances d’avril. Vacuité.

Départ de l’amour fantasmé.

Je m’obsède.

Incomprise.

Angoisse.

Se lever au pétard. Fumée continue.

Solitude.

Prises de bec.

Vivre la nuit.

Insomnies.

Urgence.

Fêlure.

Dessin. Fulgurances.

Élections présidentielles. FN. FN.

Obsédée. Angoisses.

Rythme saccadé.

Nuit blanche, une nouvelle.

Matin de rentrée. Coup d’arrêt.

Ruisseler sur le sol de la cuisine.

Enfin, le coup fatal :

Erreur de diagnostique.

Antidépresseurs. Poussée.

Je ne suis plus de ce monde.

J’explose.

À la folie,

Sarah

Dans une seconde partie, j’analyserais ces différents points de déséquilibre, qui s’entrechoquent et sont éclipsés par le diagnostique de bipolarité qui m’est posé dans l’urgence.

2 réflexions au sujet de « Recette d’une Explosion Réussie »

  1. Je t’ai rencontrée en cette année 2012… Heureuse de te lire Sarah et merci de partager ton expérience de vie… Toute cette richesse, lumière, conscience… J’honore la merveilleuse femme que tu es et aurai plaisir à te revoir ici ou là. 🙏

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