Février 2015
Je joue. Je perds, le plus souvent. Je n’ai plus les pieds sur terre. Je regarde les gens passer. Je nage dans du coton. La solution est en moi. Je ne m’en rappelle pas. Je fais des à-coups. Je sors la tête. Je replonge dans le coton. Le temps s’allonge. Les semaines se ressemblent. L’agitation me laisse froide. Je me recroqueville pour avoir chaud. Il peut faire beau. Il peut pleuvoir. Le bleu et le gris s’entremêlent. Je préfère quand il fait noir. Je nourris la bête. La bête se rit de moi. Nous nous endormons ensemble. Nous sommes lourdes. Nous étouffons les rêves.

Parfois la bête s’éloigne. Je respire mieux. Mais, vite, quelques bouffées. Elle est moi sommes enchaînées. Je m’enfuis, j’alunis. Je retrouve des couleurs, de nouveaux rythmes. Je suis toujours fragile. Ses yeux jaunes me surveillent. J’y pense. Je tiens bon. Je ne trébuche presque plus. Je l’oublie. Je suis rouge et mes yeux brillent. Je souris. Je grandis. Elle n’est jamais loin, tapie. Je ne sais plus qu’elle existe. Déjà, je cours. Je rentre au cœur du monde. Je retrouve des forces. Et du courage. Je suis toute puissante. Un maillon se brise. Je peux enfin voler. La bête est enragée. Elle se prépare. Bientôt elle m’attrape. Elle s’assure que j’ai mal. Elle me frappe et m’assomme. Elle me ramène dans notre abri. Je suis sous anesthésie. Sous moi, autour de moi, la brume. Puis le coton.
Au moment de l’écriture de ce poèmes, je commence tout juste à émerger d’une troisième dépression profonde. Depuis le printemps 2012, je n’ai connu aucun bien-être durable, aucun répit. Les dépressions succèdent aux manies, et les manies aux dépressions.
À la folie,
Sarah