Chères curieuses, chers lecteurs, aujourd’hui, j’ai envie de vous proposer une nouvelle rubrique que j’ai choisi d’intituler « Points Météo ». J’ai envie que ce nouvel espace puisse ouvrir et favoriser la discussion entre nous, permettre une conversation plus directe. J’ai aussi envie que cet espace puisse être pour vous un moyen de partager de belles lectures, des documentaires sensibles, les travaux de pairs et d’artistes qui nous font du bien. Pour cette première, je vous propose un billet d’humeur sur mes humeurs et quelques réflexions sur ce projet d’écriture, sur cette Si Belle Folie.
Je publie depuis cinq mois, au rythme d’un article par semaine, le dimanche. J’avais commencé en mai par deux publications hebdomadaires pour me rendre compte très vite que j’allais m’épuiser, et prendre le risque de vous épuiser !
J’aime vraiment ce travail, j’aime écrire, faire des recherches, réaliser les collages, éditer les articles et plus surprenant, j’ai pris plaisir au processus de création du site (malgré une ou deux crises de larmes). J’éprouve beaucoup de gratitude de disposer du temps et des conditions matérielles nécessaires pour me consacrer à mes projets d’écriture. J’éprouve aussi beaucoup de gratitude pour toutes celles et ceux au fil de mon parcours de rétablissement qui m’ont aidé et permis de récupérer une vraie capacité de travail, une belle assiduité, et la confiance en moi qui m’a permis de sauter le pas, de me « lancer ». Après toutes ces années, je vérifie enfin ce que je ne pouvais que présumer : l’écriture, c’est mon truc, ma voie, ce que j’ai envie de faire de ma vie.
Une Si Belle Folie m’est bénéfique de par de nombreux aspects.
Le blog est un fil rouge et apporte de la structure à cette année oh combien déboussolante. Je peux mesurer (me prouver) beaucoup de choses à travers ce projet : ma régularité dans l’écriture, ma capacité à mener à bien un projet sans contraintes imposées, autres que mon envie et ma détermination… Grâce à Une Si Belle Folie, je sors enfin des discussions incessantes qui n’avaient cours que dans ma tête et au fond de mes tiroirs ! Oui, j’expulse, et l’écriture, depuis longtemps déjà, est thérapeutique et cathartique, mais ce qui me fait le plus de bien, c’est que je confronte enfin mes idées à celles des autres, aux vôtres. Le blog permet des échanges avec vous qui ne cessent d’enrichir mes connaissances et ma compréhension de nos réalités. Ces échanges renforcent et stimulent mon envie de me battre pour que nos voix puissent s’exprimer partout, et en parallèle du travail sur le blog j’ai fait de très belles rencontres à Rennes.

Si vous le voulez bien, j’aimerai vous parler un peu plus en détail de certains questionnements qui ont pu émerger au fil des semaines.
Quand j’ai commencé, je pensais que la catégorie ESSAIS serait plus fournie, parce que c’est ce qui m’intéresse le plus, porter une parole d’usager qui soit politique. Mais ces articles de fond sont aussi ceux qui me demandent le plus de recherches et de travail, aussi, je profite de ce billet pour vous demander s’il y a des sujets que vous souhaiteriez voir traiter, dans cette catégorie ou une autre, pour que je puisse mieux me concentrer sur ce qui vous intéresse ou vous préoccupe ? Plus généralement, avez vous des remarques ou des suggestions concernant la forme et le contenu des articles qui pourraient m’aider à améliorer mon écriture et/ou l’accessibilité de mes textes ? L’équilibre entre les différentes rubriques et les sujets traités vous semblent-il intéressant ? Avez vous des remarques concernant l’esthétique du site ?
J’aimerai maintenant répondre à une question que vous ne m’avez pas posée : est ce que je m’auto-censure ? Non, et pourtant, oui. J’essaye de conserver une liberté de ton, et d’exprimer au mieux ma pensée. J’essaye aussi d’avoir une parole accessible, et, surtout, encourageante. Je ne règle pas mes comptes avec mes proches. Lorsque je choisi des exemples, c’est parce que je trouve qu’ils sont éclairants pour illustrer mon quotidien, et les petites et les grandes batailles. J’essaye de préserver mon entourage et mes aidants, même si cette aventure a forcément une répercussion sur eux. Tous soutiennent le projet, mais ils ou elles ont parfois exprimé qu’il serait bien que leur intimité soit mieux respectée. Je m’efforce au mieux de trouver un équilibre qui n’empêche pas le récit mais ne révèle pas plus que le nécessaire. C’est un jeu subtil, et je profite de ce billet pour dire que j’en ai conscience et que je remercie mes proches de me pardonner mes indélicatesses et mes intrusions.
De la même manière, j’ai réalisé après avoir publié la première partie de Ruptures Amicales, que la seconde partie ne respectait pas cette consigne que je m’étais fixée (celle de respecter mes proches le plus possible). Pour aborder la manière dont j’ai pu mettre un terme à certaines relations pour me protéger, j’ai employé un mode explicatif bien trop frontal, bien trop dur pour les personnes concernées. Je rédigerais donc bientôt une seconde partie plus en adéquation avec l’équilibre que je tente de créer. Il vous faudra donc un peu patienter !
Je rédige toujours les articles à l’avance. J’ai rédigé le premier stock en mars-avril, pendant le premier confinement, et je veille à toujours avoir devant moi assez d’articles pour publier pendant plusieurs semaines (idéalement plusieurs mois). Ainsi, je m’assure de maintenir l’objectif de régularité que je me suis fixé, et de pouvoir écrire sans trop de stress ou de pression.
Il est arrivé qu’un ou une amie s’inquiète à la lecture d’un article. Qu’ils voient un signe d’une dégradation de mon état dans mes mots. À chaque fois cela m’a beaucoup touchée, et je me rends compte que je préfère mille fois l’inquiétude, même anachronique, que l’indifférence. Leur réaction veut dire : je tiens à toi, je me rends compte (je prends conscience) que ce que tu vis est difficile, je m’assure que tu va bien. Que tous soient rassurés, je ne publie jamais « à chaud », justement parce que je pense que cela pourrait potentiellement me mettre en danger, et risquer de compromettre le niveau d’exigence et de rigueur que je m’impose dans le traitement des sujets. J’écris, je me relis, je corrige, je re-relis, et je modifie parfois les textes une dernière fois au moment de l’édition.
Certains articles ne passeront peut-être jamais cette dernière étape, celle de la mise en ligne, parce que je suis insatisfaite de la manière dont j’ai traité le sujet, parce qu’ils sont redondants…
Ce qui a surpris certains de mes proches, c’est aussi ma manière de me « mettre à nu » de manière parfois crue. Je n’ai jamais eu de pudeur à ce sujet, j’ai toujours été très volubile, ce qui dans l’ensemble a plutôt été un atout. Dans ma vie quotidienne, avec les gens que je rencontre (sauf lorsqu’il s’agit d’emploi), le sujet arrive assez vite sur le tapis. Un petit côté « à prendre ou à laisser » que j’affectionne. En fin de compte, ce qui est surprenant pour mes proches, je crois, c’est ma capacité d’aborder des épisodes très violents ou très douloureux. Ils et elles en découvrent les récits et sont parfois choqués, mais toutes ces horreurs et ces douleurs font parties de moi ! Si je vais si bien, c’est parce que ces épisodes ont été pris en charge, soignés, analysés… Je ne parle que de choses avec lesquelles je suis en paix ou avec lesquelles j’ai appris à cohabiter.
De la même manière, je préfère parler dans l’après coup des résurgences du trouble ou des états inconfortables qui ont pu se manifester ces derniers mois. J’ai vécu un emballement au mois de juin, dû à des causes multiples (violences de la psychiatre qui me suivait, et confrontation musclée, effets fragilisants du confinement, problèmes relationnels). J’ai réussi à me soigner en ambulatoire, mais l’été a été difficile et pénible, j’ai été très ralentie. Depuis la rentrée je vais beaucoup mieux, et j’espère maintenir cette belle humeur le plus longtemps possible.
Si je suis attachée à maintenir le rythme des publications, j’ai aussi décidé que je n’écrirais régulièrement sur ce blog que sur une durée d’un an, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, un tel projet est chronophage et énergivore, et j’ai beaucoup, beaucoup d’autres envies. C’est aussi un exercice périlleux, dans le sens où j’ai constamment le nez et les tripes collés au sujet. Ne vous méprenez pas, chères lectrices, chers curieux, ni voyez pas une démission. Si je veux poser une durée de vie au blog c’est pour accorder d’avantage de place à la recherche et à l’élaboration d’une parole collective des usagers, et renforcer les liens qui commencent de se dessiner avec mes pairs, avec nos aidants et les acteurs de santé et du monde associatif autour de moi. Je souhaite aussi pouvoir me concentrer sur des projets d’écriture de fiction où nos vécus auront la part belle. Le nez et les tripes toujours collés au sujet, donc, mais autrement, par d’autres biais, d’autres méthodes : me détacher de mon histoire pour, je l’espère, mieux faire honneur aux nôtres. Je laisse tout de même la porte ouverte, qui sais comment ce travail aura muté d’ici l’été, mais je pose une balise.
J’ai toujours le souhait qu’Une Si Belle Folie puisse être un lieu d’expression pour qui le souhaite. Je serais ravie de partager sur le blog vos points de vue, vos coups de gueules ou vos textes créatifs. Cette collaboration peut se faire de différentes manières, elle peut-être anonyme, ou publiée en tant qu’auteur ou autrice invitée. Je peux aider à la mise en forme ou au contraire ne toucher à rien. Si vous le souhaitez, vous pouvez me faire une proposition via facebook ou le formulaire de contact du blog (je suis la seule à avoir accès à vos données personnelles et m’engage à ne jamais les partager ou les utiliser dans un autre cadre). Si vous en avez envie mais n’osez pas vous lancer, sachez que tous les commentaires présents sur le site sont préalablement modérés, vous aurez donc un droit de regard sur les commentaires associés à votre publication. Sachez aussi que l’intégralité des commentaires que j’ai reçu, sur facebook et sur le blog, ont été extrêmement bienveillants. J’ai publié tous les commentaires, à l’exception d’un seul. Il s’agissait d’une remarque associée à l’article Avaler les Pilules qui parlait des médicaments, et qui défendait l’idée que seul le « soin par les plantes et la nature » était valable, et que notre « corps est notre meilleur médicament ». Je l’ai jugé inadapté, je pense que vous ne me contredirez pas.
Enfin, je voulais prendre le temps de tous vous remercier, chers lecteurs et chères curieuses, car, si partager mon expérience, le fruit de mes recherches et mes analyses avec vous est la raison qui m’a poussé à écrire, c’est justement ce partage, vos retours et nos échanges qui sont le carburant d’Une Si Belle Folie. Il n’y a rien qui me fasse plus plaisir que de lire vos commentaires, sur facebook ou sur le blog, qu’il s’agisse de vos encouragements, de vos remerciements, de vos questions et même (surtout!) de vos objections, qui me poussent à m’améliorer.
Vous êtes bientôt 200 à me suivre, via la page ou le blog ! Je vous remercie de votre confiance et votre assiduité ! J’avoue que je me sens un peu pataude, je n’ai pas vraiment de « stratégie » et les réseaux sociaux ne sont pas pour moi un univers familier. Ce que je sais, c’est que j’ai envie de continuer à partager ce projet, avec vous, et avec toutes celles et ceux à qui vos likes, vos commentaires et vos partages mettent et continueront de mettre la puce à l’oreille. J’ai aussi envie de pouvoir présenter ce projet dans d’autres cadres : au sein d’émissions de radios, dans des articles de presse, ou en organisant une séance de présentation/débat. J’ai ma petite liste perso de personnes à contacter et quelques dates qui se dessinent déjà, mais je suis sûre que vous saurez porter mon attention vers des opportunités qui me sont pour l’instant invisibles.
Je résume ici les bouteilles à la mer que je vous envoie :
- Aimeriez vous que j’explore certains sujets ou certaines thématiques à travers le blog ?
- Avez vous des remarques à me faire sur la forme et le contenu des articles qui pourraient m’aider à améliorer mon écriture et/ou l’accessibilité de mes textes ?
- L’équilibre entre les différentes rubriques et les sujets traités vous semblent-il intéressant ?
- Avez vous des remarques concernant l’esthétique du site ?
- Avez vous des suggestions pour m’aider à diffuser ce projet ?
Et ces dernières questions :
- Avez vous envie de Point Météo plus réguliers ? Peut-être en plus petits formats, entre deux publications ?
- Avez vous envie de partager avec nous vos découvertes? Vos livres de chevet, les artistes qui vous enchantent, les docus qui dispensent des informations de qualité? Tous les travaux qui participent à construire une image respectueuse et plurielle de la folie, de nos différences, de nos états extraordinaires sont les bienvenus! J’organiserai petit à petit vos suggestion dans une rubrique « Ressources Partagées ». N’hésitez pas à joindre à vos suggestions un petit commentaire pour nous mettre l’eau à la bouche!
Vous pouvez m’envoyer vos réponses via le questionnaire de contact, la page facebook ou directement à cette adresse : unesibellefolie@protonmail
Je vous souhaite à tous et à toutes nerfs, force et courage pour les semaines à venir. Je ne vous fait pas l’affront d’un laïus manger-bouger. Je sais que certains d’entre vous vivent des moments douloureux, soyez sûrs que mes pensées vous accompagnent. Soyez doux, aimants et compatissants, d’abord et toujours envers vous-même.
Je vous remercie de me soutenir, de tout mon cœur.
À la folie,
Sarah
Psssit : Pour donner l’exemple, je vous invite (ré)écouter le podcast de l’émission tous en scène de France Culture « Écrits et parole bruts sur scène » consacré à Anouk Grinberg et à la parution de son livre Et pourquoi moi je doit parler comme toi? (éd. Le Passeur) dont est tiré une pièce de théâtre éponyme. Anouk Grinberg à une manière très fine, sensible et poétique de donner voix et corps aux oubliés et aux sans-voix. Voici le lien vers l’émission : https://www.franceculture.fr/emissions/tous-en-scene/tous-en-scene-emission-du-samedi-31-octobre-2020
Un documentaire est aussi disponible (en version abonnés, grrrr) sur Médiapart : https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/culture-idees/et-pourquoi-moi-je-dois-parler-comme-toi-un-spectacle-d-anouk-grinberg
Salut!
J’ai atterri il y a quelques temps sur ton blog par le biais d’Eva qui tient le blog pourquoipasautrement. J’aime vraiment beaucoup ta manière d’écrire et je guette toujours avec plaisir tes articles.
Je viens d’écouter l’émission que tu as partagée dans cet article et les paroles d’Anouk Grinberg m’ont beaucoup touché. C’est beau ce qu’elle dit dans les dernières minutes. « Ils me font me souvenir de qui je suis et ce que j’aime de la vie. »
C’est vraiment un super projet que tu proposes. je suis toujours heureux de voir des espaces de partage entre personnes marginalisées qui se créent.
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Merci Cécile! Bienvenue 🙂
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Bonjour Sarah,
Je m’appelle Jérôme. Tout d’abord merci pour tes écrits et ta réflexion développée dans le blog. C’est bien écrit, tu dis des choses intelligentes et sensibles sur la pathologie psychique. Concerné, j’avance aussi grâce à toi.
Par ailleurs j’entame un parcours de médiateur santé pair, peut-être à Bobigny en Janvier 2021. Je suis en phase de recrutement. Ta préoccupation pour la pair-aidance je la partage aussi. J’anime des groupes de parole pour l’Association Argos 2001 le mardi soir en visio de 19h30 à 21h30.
Enfin concernant les bouteilles à la mer, je pense que tu te débrouilles très bien alors continue comme ça !
Bien cordialement
Jérôme Fenez
ps:j’ai essayé de t’envoyer ce message par mel sans succès.
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Merci pour ton soutien Jérôme, je suis ravie si mes articles te sont utiles. Je serais enchantée d’avoir de tes nouvelles au fil de ton parcours de médiateur pair, tu peux m’envoyer des messages sur cette adresse: unesibellefolie@protonmail.fr, n’hésite pas! Je te souhaite une belle journée! Et force! Et courage!
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Je viens de te découvrir.
Je trouve cela courageux et intéressant.
Cela donne envie déjà courageux et intéressant.
Alors merci.
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