Chères lectrices, chers curieux, je vous propose un petit Point Météo pour vous donner quelques nouvelles, de moi et de mes projets et dessiner le devenir d’Une Si Belle Folie.
F#@% la bipolarité… Je me suis posé cette question récemment : est-ce que la lecture d’Une Si Belle Folie laisse à penser que mon rétablissement est un long fleuve tranquille ?
Il ne l’est pas. L’été a été très difficile, et avant lui le printemps, et avant lui l’hiver.
Le rétablissement est je crois toujours une lutte.
J’ai construit au fil des ans un moteur qui ronronnait tranquillement, une stabilité faite d’espoir, de confiance en moi, et surtout de belles relations et de beaux projets. Ces derniers mois, les pannes et les passages au garage en catastrophe se sont multipliés.
J’arrête là cette métaphore mécanique pour décrire en quelques lignes ces mois mouvementés.
Un emballement s’est profilé au printemps, alimenté par le caractère politique de mes activités, par les aspect éreintant du travail de réseau, par des lignes de conflits trop saillantes concernant la représentation des usagers au sein des institutions, des structures et des associations. Ma boîte mail explosait et j’explosais avec elle. Je me suis rattrapée à temps en ajustant ma médication, alarmée par des tensions apparues avec des interlocuteurs avec qui d’ordinaire la communication est aisée.
Je suis sortie de cette tension extrêmement fatiguée… Pourtant, mon agenda printanier ne me permettait pas le repos : une semaine de résidence autour du projet « Je ne suis pas le fou qu’ils disent », la construction d’un module de formation, beaucoup de premières fois et une multitude d’autres projets. Cette multitude de projets, j’ai continué de l’alimenter dans ces mois de surmenage. À bout de souffle, je m’entêtais à vouloir faire toujours plus… Je vous présenterai un tour d’horizon de ces projets à la fin de ce texte, poursuivons, chers lecteurs, chères curieuses, le récit de mes récentes et longues mésaventures…
Me voici donc à la veille de l’été, naviguant un costaud burn-out. Mes obligations professionnelles et militantes, et tous les questionnements qui les accompagnent ont virés à l’obsession (plus que d’habitude, j’entends, hé hé). Début juillet je tombe d’une falaise : du jour au lendemain, je n’ai plus aucune obligation, et je n’ai absolument rien prévu pour la plage estivale qui s’ouvre, hormis une semaine de vacances en août avec une amie.
Un événement personnel vient encore pimenter cet inconfort, sur lequel je m’exprimerais peut-être plus tard. Pour l’instant, l’heure est à la digestion. Ma psychiatre à dit « besoin de métaboliser », ce qui m’a fait rire. Cet événement m’oblige à modifier une partie de mon traitement, me voici délestée d’une de mes béquilles. Le sevrage est corsé, une anxiété monstrueuse se forme, avec des crises de paniques physiques impressionnantes, auxquelles je ne suis pas habituée. Plus inquiétant, un accès suicidaire apparaît, qui a un sale goût de 2012-2013. Fin juillet, je me sens prête à basculer.
Je déclenche le plan hors-sec, passe quelques coups de fils au personnes les plus proches de moi, et je me rends à l’hôpital. Je suis hospitalisée cinq jours pour adapter le traitement et sortir un peu la tête des marais visqueux dans lesquels je suis embourbée.
Sortie de l’hôpital, je décide de maintenir la semaine de vacances marseillaise. Elle aura été un vrai soleil dans cet été apocalyptique. J’en profite pour remercier A. qui est une amie en or et en béton armé.
J’ai ensuite attaqué une rentrée chargée lasse de tous ces mois difficiles. Je commence à trouver un rythme. Et pourtant cette foutue f#@%ing bipolarité ne veut pas me lâcher, je vis ces derniers jours des états mixtes : de l’agitation sur un joli fond de dépression, des crises d’angoisses au coucher… Le confort absolu…
Pour couronner le tout, deux belles addictions se sont formées, l’une faite d’achats compulsifs, l’autre faite de nombreuses heures quotidiennes de visionnage de contenus douteux. Elles ont trouvé leurs racines dans la pandémie de covid-19, et s’alimentent l’une l’autre… j’ai donc deux nouveaux ennemis à terrasser. Du moins à mettre à distance.
Pour autant, je ne veux pas m’apitoyer : j’ai mille moyens d’action à ma portée. Je peux ralentir ou réorganiser mes activités, je peux réapprendre à bien manger (autre chose que du café et des sucres lents et rapides), je peux réapprendre à bien bouger (autrement qu’en cliquant sur une vidéo youtube), je peux réapprendre à remplir ma vie de sens et de jolis souvenirs plutôt que d’objets, je peux partir à la conquête de nouveaux outils, de nouveaux rituels… Et, surtout, je peux, pour tout ça, je peux demander de l’aide et rechercher un accompagnement.
Je ne veux pas m’apitoyer, parce que je suis aussi vachement fière de moi : dans cette période troublé, j’ai respecté l’intégralité de mes engagements ! Reste à trouver un équilibre dans le travail qui ne mette pas en péril les autres aspects de ma vie : m&*^è, on n’est pas des bêtes.
Voilà les nouvelles, les loulous, ce n’est pas folichon…
Et pourtant !
J’ai des amis fabuleux, je vis une belle histoire d’amour, je ne suis pas dans le besoin !
Et pourtant !
J’ai des projets magnifiques, qui m’animent et qui font sens !

En voilà un petit tour d’horizon de rentrée :
Le projet de théâtre documentaire et débat « Je ne suis pas le fou qu’ils disent », autour des représentations médiatiques, politiques et sociales, que je mène avec Thierry Beucher continue de vivre et de se déployer. Nous avons une nouvelle représentation publique à Rennes prévue le 19 octobre organisée par l’association la Fraterie du Quartier. Cette association situé dans le quartier Maurepas propose des cantines véganes et végés à prix libres, cuisinées et servies par des personnes concenrées par des troubles psychiques, rétribuées pour leur travail. Voici le lien de l’événement, présenté sur la radio rennaise Canal B https://fb.watch/g4Vtstj7Hz/ . Une seconde session de formation est aussi prévue fin novembre à la Polyclinique Saint Laurent à Rennes, autour de recommandations de bonnes pratiques d’accueil des personnes concernées par des troubles psychiques (théâtre débat le matin et atelier l’après midi en co-animation avec Laurence Renoux qui est infirmière). D’autres dates se profilent, et en parallèle l’animation d’ateliers d’expression sur ces questions de stigmatisation, je vous donnerais de vraies nouvelles fraîches très bientôt !
Un atelier rétablissement en autonomie (comprendre : non-accompagné par un professionnel) est né avant l’été au Groupe d’Entraide Mutuelle (GEM) L’Antre-2. Nous travaillons à partir de thématiques à l’élaboration d’une boîte à outils à destination de l’ensemble des adhérents du GEM, dans une dynamique de soutien entre pairs. Une quinzaine d’adhérents et de nouveaux adhérents s’en emparent, c’est très enthousiasment !
Nous avons aussi commencé à nous réunir avant l’été entre usagers-militants et usagers-représentants (au sein de collectifs institutionnels, de structures, d’associations…), pour discuter autour de nos différents engagements et dessiner des moyens d’action communs. Nous sommes une dizaine, c’est un début, et là aussi c’est très enthousiasmant.
Encore plus enthousiasmant, parce que nous allons pouvoir nous faire plaisir, nous avons, cinq copains et moi, décroché une carte blanche avec la radio rennaise Canal B dans l’émission d’actu L’Arène animée par Lucie. Nous nous sommes mis d’accord sur un petit format mensuel pour commencer. Nous avons envie d’y aborder le rétablissement, la pair-aidance, l’art fou et/ou issu de fous, les problématiques liées à la stigmatisation, aux traitements médicamenteux, aux relations thérapeutiques… Au programme, des discussions, des interviews, de la musique, des recommandations de film et de lecture…
Nous avons consacré un premier temps à la promotion de la représentation de « Je ne suis pas le fou qu’ils disent » à la Fraterie du Quartier (voir le lien ci-dessus).
Le projet démarrera réellement le 14 novembre prochain, avec une carte blanche consacrée au rétablissement.
Je continue de développer des formats d’atelier d’expression, autour des représentations liées à la folie, autour du rétablissement et autour de l’expression des récits de nos parcours. Je travaille aussi à des formats conférences, à l’élaboration de séances d’information à destination de mes pairs. Une belle phase de démarchage m’attends.
À ce jour, je commence d’entrevoir de façon réaliste la possibilité de réellement et correctement gagner ma vie à partir de mes activités artistiques et d’interventions dans le champ de la santé mentale. Le chemin est encore long, semé d’embûches que je n’espère pas trop nombreuses, de détours, et de belles surprises (une foule, si possible!)… Souhaitez-moi un gros m&*^è !
En ce sens, j’ai imprimé une sélection des collages réalisés pour Une Si Belle Folie. J’ai déjà deux mois d’exposition de prévus, en novembre et en février. J’espère pouvoir trouver d’autres espaces pour exposer, je lance donc ici une bouteille à la mer. Je prévois de proposer des tirages A4, A3 et A2 à la vente, à des prix très raisonnables, ce n’est pas encore tout à fait ficelé, mais c’est pour bientôt ! Un lien vers une boutique sera présent sur Une Si Belle Folie. Mes articles sont et resteront toujours gratuit, mais vous offrir une affiche pourra être un joli moyen de me soutenir. Affaire à suivre !
À venir, sur Une Si Belle Folie, le récit honteux de mes addictions et des mesures prises dont je suis fière, des articles sur le rétablissement et la pair-aidance, du perso et du politique, de nouveaux Coups de Gueule, et, peut-être, l’exploration de nouveaux formats…
N’oubliez pas de liker, commenter, vous abonner avant de partir, si ce n’est pas déjà fait :).
Je vous souhaite un bel automne, profitez bien de la magie de ses lumières.
À la folie,
Sarah
Bravo Sarah pour votre franchise. je suis maman d’un fils bi-polaire de 26 ans. Il me parle peu de ses ressentis. Mais au fil des années j’ai appris à reconnaitre les signes de son mal-être .vous les avez mis en mots.
Merci et bonne contiunation .
annick
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