Remise en Forme #1: Échauffement!

Semaines 1-3

Chères curieuses, chers lecteurs, cet article inaugure une petite série « Remise en Forme » répondant à mon besoin de reprendre le pouvoir sur mon temps, sur mon assiette, sur mon corps et mon humeur, à retrouver un rythme de travail qui me permettra de mener à bien mes projets, et à l’envie de partager ce nouveau bout de chemin avec vous.

Je sais que nous ne sommes pas au mois de janvier, je n’ai pas envie vous « vendre » (USBF n’est pas monétisé et ne le sera jamais!) de la poudre au yeux, et encore moins de minimiser les difficultés auxquelles nous, psychiatrisés, devons faire face. Aussi, cette première publication est accompagnée d’un article Coup de Gueule « Prendre Soin de Soi n’est pas une Sinécure » (1) où je souhaite clarifier s’il le faut que je ne suis ni influenceuse lifestyle, ni gourou du développement personnel.

Je rappelle aussi que je ne suis ni médecin, ni médiatrice de santé pair professionnelle. Cette proposition ne sera pas adaptée à elle seule à traiter un état de détresse psychologique caractérisé, qui nécessite selon moi l’intervention d’un professionnel de santé.

Cette série « Remise en Forme » est une invitation à partager un bout de chemin avec moi, et à peut-être vous aussi entreprendre un chantier transformateur, que vous soyez concernés par des troubles psychiques ou non. J’aimerai vous aider à trouver des outils et une méthode pour construire, renforcer, consolider, retrouver une stabilité d’humeur satisfaisante. Je vous propose ce qui a marché et marche pour moi, ce qui m’a été enseigné lors des modules de psychoéducation que j’ai suivi, ce que j’ai glané au fil des lectures et des rencontres. Je m’appuierai aussi sur les articles USBF déjà en ligne abordant la psychoéducation et décrivant les outils que j’ai construit au fil des années.

Ces prochaines semaines, aussi longtemps qu’il me faudra de temps pour me remettre tout à fait d’aplomb, je publierai des petits comptes rendus de mes avancées. Il comprendront mes réflexions quotidiennes, la présentation des outils qui soutiendront mes progrès, le récit de mes victoires, de mes échecs…

Tout ceci est un peu expérimental, et, si je vais essayer de mon mieux de produire un ensemble cohérent et didactique, j’espère que vous me pardonnerez les éventuels manques de clarté, redondances et oublis de cet ensemble de texte. Comme d’habitude, j’ai eu la folie des grandeurs, et je pensais vous proposer des fiches résumés et des outils pratiques en parallèle des articles. Je réserve ce chantier pour plus tard. Vos commentaires et suggestions sont bien entendu bienvenus !

J’ai très envie de vous proposer de m’accompagner « en temps réel », et j’en ai eu envie dès la genèse de ce projet, il y a maintenant trois semaines. C’était une tâche impossible jusqu’à aujourd’hui. Je n’étais capable ni d’écrire, ni d’établir un programme, encore moins de vous le présenter de manière détaillée. Ce sont ces trois premières semaines, cet échauffement, que je veux vous présenter maintenant.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, si vous aussi avez envie de vous façonner un programme de remise en forme, je vous invite très fortement à en discuter avec vos proches. Pour pouvoir produire tous ces efforts, pour rester déterminé, pour se relever après chaque difficulté, il me paraît indispensable d’avoir un ou une complice, quelqu’un de confiance à qui on peut se confier, sur qui on peut se reposer un peu, et, surtout, avec qui il sera délicieux de savourer les victoires.

Dernier « avertissement ». Ceci est tout sauf un sprint. Sur le long terme, la douceur et une progression lente sont ce qui garantira les meilleurs résultats. Ce rappel, je devrais l’écrire sur mon miroir de salle de bain !

Semaines 1-3 : Échauffement

Pour me mettre en route, il m’a fallut retrouver l’envie, et retrouver la confiance en mes capacités à m’engager dans un processus me permettant de retrouver une belle humeur lumineuse, le goût de l’écriture, et le goût des autres. Si l’envie avait disparu, je savais que je peux m’appuyer sur les victoires passées, sur ces belles longues éclaircies que j’ai pu savourer. Je le savais même si cette certitude était très diffuse, même si elle est parfois à double tranchant, apportant avec elle sentiment d’échec et culpabilité.

Je sais combien à certaines étapes de nos parcours il peut être impossible de s’appuyer sur de tels moments de stabilité et de joie. Je crois alors que chaque petit pas, chaque victoire doit être célébrée, et, pour cela, identifiée. Reconnaître les instants où la douleur s’efface, ne serait-ce qu’un peu, se surprendre à rire, réussir à faire des courses ou à cuisiner, prendre du plaisir à lire ou à observer la nature, se voir à travers les yeux de ceux qui nous aiment, laisser l’autre prendre le devant de la scène… Reconnaître ces instants de petites joies et de fierté et leur donner une place de choix dans nos cœurs, c’est déjà être sur le chemin !

Avant l’envie, je crois, il y a eu un choix. Un passage, de la culpabilité de m’être laissée glisser dans une morosité molle ces derniers mois, à un sentiment de responsabilité, vis-à-vis de moi-même, vis-à-vis de mes proches, vis-à-vis de mon travail, et des personnes avec qui je m’associe pour créer ou militer.

Il y a un peu plus de trois semaines, au milieu du mois de mai, j’ai choisi, et le choix et l’envie ont alors commencé à s’entremêler, à s’alimenter.

Ma première tâche a été de faire un inventaire, un état des lieu de ma vie grise et ralentie.

J’ai appris a d’abord évalué mon humeur.

Ces derniers mois, elle s’est dégradée. L’humeur dont il est question, c’est celle décrite par les cadres explicatifs de la psychiatrie, c’est une « disposition affective fondamentale qui influence notre niveau d’énergie, qui donne une tonalité agréable ou désagréable aux événements que nous vivons, qui influence nos pensées, nos émotions, nos sentiments, nos comportements. Elle est sous la dépendance de substances biologiques qui se situent au niveau du cerveau. » (2, et 3). L’humeur, ici, est donc celle qui est installée, qui s’étire dans le temps.

Je n’étais pas encore dans un état que l’on peut qualifier de dépressif, mais je m’en approchais : je n’avais plus ni envie ni motivation, je me sentais ralentie, fatiguée. Une tristesse diffuse et un sentiment d’insatisfaction chronique régnaient sur mon quotidien. Sur une échelle allant de -10 (dépression mélancolique) à +10 (manie), l’espace allant de -1 à +1 étant considéré comme une humeur « normale », j’ai évalué mon état à -3/-4, en analysant la fatigue ressentie, mon niveau d’insatisfaction, l’inconfort, le niveau de stress, mes rythmes, mon alimentation, mon sommeil… Une telle échelle peut être utile pour évaluer son état, pour le comparer avec ce qui fait référence pour nous d’état stable ou « normal ». La psychoéducation ou l’éducation thérapeutique peuvent être très utiles pour pouvoir reconnaître les signes d’un abaissement ou d’une élévation de l’humeur et en évaluer la gravité.

Mon état n’était pas encore inquiétant, mais c’était un terrain favorable à un glissement vers une dépression caractérisée. Cet examen est important, car il me permet de déterminer si j’ai besoin ou non de l’aide d’un thérapeute pour construire un plan d’action. Je me sens capable de penser mon rétablissement seule, mais j’ai tout de même entamé une discussion à ce sujet avec ma psychiatre.

Je sais d’expérience que de telles résolutions, surtout si elle s’accompagnaient d’objectifs trop hauts ou de bouleversements trop importants pourraient m’entraîner sur l’autre versant du trouble bipolaire. Je vise une progression lente, et je serais attentive à tout signe d’emballement.

Sur le plan physique, mes douleurs dorsales récurrentes sont inquiétantes. Prendre enfin rendez-vous avec un ostéopathe est indispensable. Mes difficultés liées à l’alimentation mériteraient aussi l’intervention d’un médecin. Je ne suis pas sûre d’en avoir envie, je suis restée très frustrée de mes derniers rendez-vous avec une nutritionniste l’automne dernier. Je serais reconnaissante si vous aviez des suggestions de lecture pour m’aider à apprendre à manger de manière plus saine.

Un autre point me semble important, lorsqu’on est à ce stade d’évaluation, et concerne les traitements médicamenteux (s’ils sont présents dans votre vie) et le suivi médical. Sont-ils satisfaisants ? Sont-ils bien dosés ? Quels sont les effets secondaires ? Ont-ils un rôle à jouer dans l’état qui me préoccupe ? Suis-je accompagné/e de thérapeutes en qui j’ai confiance ? Mon/ma psychiatre cherche t’il/elle toujours à affiner au mieux mon traitement ? Ai-je d’autres problématiques de santé qui peuvent influer sur mon humeur, mon énergie, mon moral ? Sont-elles prises en charge ?

Dans l’ensemble, je suis satisfaite de mon traitement (concernant les troubles de l’humeur) et de mon suivi. Néanmoins, une prise de sang effectuée à la fin du mois d’avril, dont j’avais l’ordonnance depuis décembre (…), à révélé une hypothyroïdie. Les dérèglements de la production d’hormones thyroïdiennes jouent sur l’humeur, l’énergie, l’appétit et la prise de poids. Si je me sens responsable des fluctuations de mon humeur, il y avait là, clairement, une petite maligne, cette grrr de thyroïde qui jouait contre moi. Je me suis sentie soulagée d’une partie de la culpabilité que j’éprouvais, le traitement a été modifié, et si de longues et nombreuses semaines ont été nécessaires pour que j’en sente les effets bénéfiques, ils sont aujourd’hui indéniables.

Dans un second temps, je trouve qu’il est toujours intéressant d’interroger ce que l’on vit à la lumière d’une chronologie plus longue.

Si des difficultés, des empêchements ou des frustrations, ou pire des situations de violences ou de maltraitances se jouent sur la durée, nous devons le prendre en compte lorsque nous nous interrogeons sur notre santé mentale. Certaines situations demandent d’appeler à l’aide, de rompre une relation. Certaines situations sont si complexes et emmêlées qu’il faut parfois des mois, des années pour enfin choisir de se sauver. Je ne tiens à culpabiliser personne. De la même manière que lorsqu’on traverse des états de dépression et de manie caractérisés, pris dans de tels ouragans, chaque nouveau jour est une victoire, un acte de courage.

Vivre une rupture, amoureuse ou amicale, un divorce ou une séparation, la perte d’un proche, un licenciement, subir une attaque physique, un procès, ou tout autre événement déstabilisant majeur, tels une grossesse, l’arrivée d’un enfant, un déménagement, ou, sur le plan médical, recevoir un diagnostique, être hospitalisé, modifier son traitement… Tous ces événements nous bouleversent, amènent un cheminement d’émotions fortes qui ont besoin de temps pour s’apaiser.

Nous vivons dans un monde où tout doit aller vite, où nous devons être réactifs, adaptables, compétitifs. Je crois sincèrement qu’il est salutaire d’apprendre à respecter nos propres rythmes, et à se créer la possibilité de ralentir quand il l’est nécessaire.

Pour ma part, j’aime examiner l’année écoulée. J’ai eu besoin, plus tôt dans mon parcours de rétablissement, de faire une chronologie complète, depuis ma naissance. Cela m’avait fait beaucoup de bien, et permis d’identifier les « nœuds » qui s’était créés entre ma vie familiale, amoureuse, sociale, financière, matérielle… Cela m’avait permis de comprendre que les différentes expressions de ma bipolarité n’arrivaient pas par hasard, bien au contraire !

J’ai donc examiné les moments les plus délicats des douze derniers mois. J’ai bien sûr pris en compte le poids de la crise sanitaire et de sa gestion sur ma vie, sur nos vies. Une de ses conséquences directes pour moi a été la perte de mon emploi de guide-animatrice, et donc de revenus substantiels. J’avais projeté de la saison comme guide et l’hiver à écrire pour les 2 ou 3 années à venir. Il m’a fallut réviser mes plans, et si je suis aujourd’hui heureuse de la voie que j’emprunte, j’ai tout de même été déstabilisée. Je ne vous inflige pas une liste exhaustive de la manière la crise à bouleversé ma vie, je crois que nous pouvons tous dire que l’année écoulée a été éprouvante.

Sur le plan relationnel, plusieurs périodes ont été délicates, mes habitudes sociales ont été redessinées. Mon esprit s’est crispé à plusieurs reprises, sur quelques semaines, entraînant pensées obsessives et remises en questions drastiques. J’ai dû renforcer mon traitement deux fois, mais je suis parvenue à gérer ces crises en ambulatoire. Je ne souhaite pas en dire beaucoup plus ici.

À la fin du printemps dernier, j’ai dû interrompre la relation « thérapeutique » que j’entretenais avec la Dr R. depuis un peu plus d’un an. Elle a eu avec moi une attitude maltraitante, et les derniers échanges ont été salés. J’en fais le récit dans un article du blog (4).

Un tel examen est important parce qu’il permet de comprendre que nous avons besoin de temps de digestion, de temps de latence après certaines étapes difficiles. Si nous ne nous accordons pas ce temps de récupération, notre esprit et notre corps finissent par nous le réclamer, par nous l’imposer. C’est, je crois, ce que j’ai vécu ces derniers mois.

Je vis aussi une période de carence spirituelle. Je ne me sens pas vraiment perdue, c’est plutôt comme si ce monde intérieur, qui peut être riche et vocal, était en sourdine. L’âme a besoin d’être alimentée autrement qu’en sucre et en télé-réalité, sinon elle tourne en sous régime…

Après ces premier constats, j’ai choisi de faire un « état des lieux » le plus lucide possible des manifestations de cet état ralenti dans ma vie quotidienne. Cet état des lieux a été ma préoccupation principale durant la première semaine.

Être lucide pour moi, ça se joue dans un entre-deux, dans l’espace entre minimisation et dramatisation. Je parle ici d’un dialogue interne, de soi à soi, et non de jugements extérieurs (minimiser nos parcours et nos vécus étant un phénomène récurrent et stigmatisant dans nos vies psychiatrisées). Pour être lucide, il est bon de quitter une appréciation binaire de notre situation.

Mon ralentissement se manifeste de multiples façons. Je vous le propose au présent car je suis toujours en train de me débattre dans cette mélasse, même si ces dernières semaines ont déjà été ponctuées de petites victoires.

Je commence mes journées en repoussant le réveil d’une heure, sauf si j’ai un impératif le matin, ce qui est rare avant 10h. Je me lève fatiguée, malgré 8, 9, 10 heures de sommeil. Je reste parfois collée au matelas, ce qui est tout sauf une grasse matinée choisie. Je ne suis plus sédentaire, je suis statufiée, en position assise sur le canapé. Je suis essoufflée en levant le petit doigt. J’ai le dos en compote et mon corps s’est encore alourdi. J’ai le plus grand mal à ressentir de l’amour pour ce corps de nouveau trop enrobé à mon goût. Je n’ai pas fait de sport depuis le début du mois de mars. Il m’arrive de ne pas sortir le nez dehors de la journée. La plupart de mes activités consistent en visioconférences, appels téléphoniques, mails, rédaction de compte rendus et de fiches de présentation. Je me couche tous les soirs en ayant le sentiment d’être inutile.

Travailler me demande dix fois plus d’énergie que d’habitude. Mon cerveau est ralenti, je doit me forcer et me concentrer pour créer des pensées élaborées. Cet abaissement cognitif est très dur à vivre. Les visios, surtout, sont vraiment éprouvantes. Comme d’habitude, je me mets une pression monumentale à ce que rien de ce mal-être ne transparaisse. Et cette pression, ce masque, vous le savez très chers pairs, est très, très énergivore. J’ai toujours l’impression d’avoir un coup de retard, et je n’ai rien écrit d’autre ces derniers mois que le strictement nécessaire à la mise en œuvre des projets qui m’occupent.

Je procrastine. Sur tout. Je m’assomme avec internet, de nombreuses heures tous les jours, si bien que ma capacité d’attention est désormais celle d’un poisson rouge. Bien entendu, je ne regarde pas arte, je n’écoute pas les podcasts de france culture. Je regarde des tutos de makeup sur youtube, et de la téléréalité sur netflix. Je ne peux pas débrancher la box : « je dois répondre à des mails ».

Je comble avec du chocolat, tous les jours, malgré que je n’ai plus besoin d’être convaincue que le sucre est le pire ennemi de mon humeur et de ma peau. Je mange, je mange, je mange. Le sucre est ma cocaïne, j’ai vraiment une addiction balèze. Je bois plus d’un litre de café par jour, et je fume comme deux pompiers.

Je creuse compulsivement mon compte en banque avec des produits makeup : le besoin d’un mini sephora à la maison m’a semblé d’une importance capitale quelque part entre le 101ème et le 2356ème tuto… Le bon côté, c’est que je n’ai pas négligé mon hygiène corporelle. Je m’y suis accrochée comme à une bouée.

Il y a aussi ce que je ne fais pas : je ne fais pas de crochet, ou à peine, je ne lis pas, je ne vois pas grand monde, je ne prends pas grand soin des plantes alors que j’aime tellement le faire d’habitude… La présence des autres est souvent difficile, je ne suis pas capable d’être pleinement là, attentive. Là aussi, sauf avec les très proches, je masque, je déguise.

J’ai lâché de précieux outils : mon journal de gratitude (5), mon check up du matin, le sport. Je ne prends même plus la peine de remplir mon pilulier. J’ai manqué trois fois ma prise de médicaments du soir, ce qui ne m’arrive jamais d’habitude, sauf quand je le choisi. Je fais aussi beaucoup d’entorses au mode de prise (une des molécules doit être ingérée à distance des repas).

Trois choses me rendent vraiment malheureuse : d’avoir perdu la maîtrise de mon temps et de mon corps, et d’avoir perdu l’appétit de travailler l’écriture, alors même que chacun des projets que je mène est taillé sur mesure. Ces trois aspects seront mes chantiers principaux.

Outre l’aspect remise en forme mentale et physique, je pense que ce moment est aussi un moment privilégié pour penser sa vie matérielle (logement, administratif, revenus) et ses occupations (professionnelles, bénévoles, militantes, créatives..). Je pense que mener de front trop de chantiers en même temps peut être extrêmement périlleux, mais ce peut être le temps d’établir un calendrier, de se renseigner, d’accomplir certaines tâches, de prendre contact.

Sur ces aspects, je suis globalement satisfaite. Je sais que je dois trouver un meilleur équilibre entre les temps dédiés aux questions liées à la psychiatrie, les temps consacrés au crochet, et les temps consacrés à l’écriture créative. J’ai besoin de me remettre en forme pour retravailler mon premier roman cet été, et pour planifier des ateliers crochet à la rentrée. Côté revenus, c’est loin d’être le pied. Nous sommes une équipe, mon compagnon et moi, et il est très soutenant, mais un de mes objectifs d’ici un an ou deux est de disposer d’un revenu fixe au moins égal à l’AAH.

Cet inventaire est incomplet, vous ne trouvez pas ?

Il manque tout ce qui, ces derniers mois et malgré la grisaille, a été positif !

J’ai eu envie de fuir, de m’absenter de toutes formes de responsabilités et d’obligations sociales, et ce presque tous les jours. Je sais que ce n’est pas la solution, mais, combien de fois ai-je rêvé, dans ces états, d’avoir le compte en banque de Bernard Arnault et de pouvoir me prélasser dans un cinq étoiles au bord de la mer avec des séances de sport quotidiennes coachées par un genre de Brad Pitt jeune, des massages, et des repas sains préparés par Anne-Sophie Pic…

Non, au lieu de ça, j’ai rempli toutes mes obligations, jour après jour, à l’exception de trois beaux actes manqués. J’ai continué d’accepter de nouveaux projets, parce qu’il cadraient parfaitement avec ce que j’ai envie de porter, j’ai fait des rencontres. J’ai animé mon petit atelier de crochet toutes les semaines. Je me suis pointée aux repas familiaux, j’ai renoué avec deux amies… J’ai fait tout ça en traînant souvent les pieds, en passant en force, en mobilisant des ressources qui étaient presque taries. Mais je l’ai fait, et il y a eu des fous rires à jouer aux cartes, à papoter.

C’est une victoire énorme : je fonctionne, j’avance, même lorsque je vis en sous régime. Et si je peux le faire, c’est parce que j’ai construit au fil des années des remparts et des outils assez solides pour ne pas plier. Tout ça ne s’est pas fait en un jour, mais en neuf ans. Je ne peux pas dire je ne plierais plus jamais, mais je peux dire que je sais me battre.

Autre aspect très positif, je ne me suis pas transformée en dragon. Est-ce que j’ai été plus impatiente et plus irritable ? Oui, mais de manière raisonnable. J’ai aussi continué a assurer une partie des tâches ménagères, de l’élaboration des repas, des courses, tout en savourant la chance que j’ai de pouvoir me décharger un peu de la logistique lorsque je ne vais pas bien.

Dernier point positif, en toute modestie : je suis une makeup artist en herbe, et fière de l’être !

Avant de conclure pour aujourd’hui, j’aimerai faire un petit bilan de ces trois dernières semaines.

Il y a 21 jours, je décidais d’en finir avec la grisaille. Je pensais que me remettre en forme serait l’ouvrage de quelques semaines, un mois maximum. Comme d’habitude, je voulais aller trop vite. Si j’avais mené à bien ce que je projetais il y a trois semaines, USBF aurait cinq nouveaux articles, et j’aurai été trois fois à la salle de sport cette semaine. J’ai toujours eu la folie des grandeurs, et c’est une belle folie, mais ce dont j’ai besoin c’est de douceur. Ça paraît contre intuitif, mais ce sont les petits pas au tempo lent qui nous sécurisent le plus !

J’ai écris deux articles, c’est déjà merveilleux. J’ai fait 1h de sport la semaine dernière, et 1h cette semaine, c’est déjà incroyable. J’ai un peu mieux mangé, c’est cool. J’ai lu un essai fabuleux, qui s’appelle « Joie Militante » (6), et j’ai dévoré un roman. J’ai rempli mon pilulier cette semaine. J’ai quelques fois écrit dans mon journal de gratitude. Est-ce que j’ai continué de boulotter du sucré ? Oui, mais moins (si on oublie un pot de glace dégommé en 1h). Est ce que j’ai regardé au minimum 2 à 3h d’imbécillités quotidiennes sur internet ? Oui, mais c’est déjà deux fois moins que les semaines précédentes (si on oublie une journée marathon Youtube) ! Est-ce que j’ai encore passé des journées sans bouger plus loin que l’épicerie du quartier ? Oui, mais la plupart du temps, j’ai marché au moins 30 minutes, et parfois beaucoup plus.

Je suis en chemin.

J’ai déterminé des chantiers.

Je veux reprendre en main mon alimentation. Je veux mener une vie active, je veux ressentir à nouveau les effets bénéfiques du sport sur mon mental, sur mon énergie, sur mon corps. Je veux mener à bien mes projets d’écriture créative. Je veux apprendre à construire un équilibre entre loisir et travail. Ce dernier chantier est tout neuf pour moi, mais j’en ai assez de ne pas savoir profiter de mon temps libre sans culpabiliser de ne pas en faire assez, ou pas assez bien. J’en ai assez de tout faire au pas de course, je veux apprendre à prendre mon temps, et le savourer. Si je peux réactiver de nombreux outils pour mener à bien mes trois premières missions, pour bouter cette insatisfaction chronique hors de ma vie, il va falloir me réinventer !

Pour la semaine 4, je ne m’engage qu’à quatre choses :

  • Établir un programme pour les semaines 5 et 6 autour de l’alimentation, de l’activité physique et de l’écriture, que je vous proposerais sur USBF.
  • Aller à la salle de sport au moins une fois, deux si je peux, et marcher tous les jours.
  • Écrire tous les soirs dans mon journal de gratitude (5).
  • Prendre rendez-vous avec un ostéopathe.

Je suis en chemin.

J’ai choisi.

À la folie,

Sarah

  1. https://unesibellefolie.com/2021/05/31/prendre-soin-de-soi-nest-pas-une-sinecure/
  2. Manuel de psychoéducation : troubles bipolaires, Dr C. Gay et M. Colombani, éd. Dunod, 2013, pp23-25
  3. Article USBF sur les troubles de l’humeur: https://unesibellefolie.com/2020/06/04/bipolaire/
  4. https://unesibellefolie.com/2021/01/24/attention-psychiatre-mechant-vol-2/
  5. Je vous présente cet outil dans cet article: https://unesibellefolie.com/2020/12/20/des-comptes-au-journal/
  6. Joie Militante, N. Montgomery, c. bergman, éd. du commun, 2020.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s